par Siméon Seiler
La Grève des femmes* ? Nous y sommes presque ! Quelques semaines avant, profitons de l’occasion que représente le 1er Mai pour unir nos forces sous le slogan « Plus pour vivre ».
Traditionnellement, le 1er Mai, Journée internationale du travail, est un moment fort du calendrier syndical. L’an dernier déjà, il était centré sur un thème féministe : l’égalité salariale. Un peu partout dans le pays, des groupes de femmes* étaient à la tête des cortèges.
Le 22 septembre 2018, nous avons remis cela avec une grande manifestation à Berne. Mais le Parlement dominé par la droite s’est peu laissé impressionner. Et lors de la révision de la loi sur l’égalité, il n’a adopté que de maigres améliorations. Nous allons donc d’autant plus mettre la pression. C’est l’une des nombreuses raisons pour lesquelles une deuxième grève nationale des femmes* aura lieu le 14 juin.
Bien sûr, l’égalité salariale est une revendication très importante. Mais pour qu’elle soit réellement appliquée, il faut la considérer dans le contexte plus général. Il en va bien plus que de la seule égalité salariale. « Plus pour vivre » : le slogan choisi pour le 1er Mai 2019 en est l’expression parfaite. En effet :
Nous voulons plus pour vivre, plus de salaire, plus de temps, plus de respect, plus d’égalité !
Plus de salaire, un salaire égal pour un travail de valeur égale, car ce salaire nous est tout simplement dû ! C’est une vraie honte que cela n’aille pas de soi !
Plus de temps pour nous, c’est-à-dire une durée du travail plus courte pour tout le monde, par exemple pour que nous puissions nous engager pour nos revendications !
Plus de respect pour notre travail, qu’il soit rémunéré ou non ; plus de respect pour nos idées ; plus de respect pour nos corps !
L’égalité maintenant… et pas pour demain !
Plus d’égalité, cela veut aussi dire qu’il faut remettre en question le système dans lequel nous vivons. Lors de la rencontre nationale des femmes* à Bienne, le 10 mars dernier, nous avons écrit : « Nous voulons lancer le débat de société sur ce système économique capitaliste qui profite à une minorité alors que la majorité de la population mondiale, en particulier les femmes*, est exploitée et vit dans la misère, et que le climat est en danger. ». Nous ne voulons pas une plus grande part du même gâteau, mais un gâteau complètement nouveau !
Par travailleur, on imagine communément un homme, avec peut-être un casque de mineur et une pioche à la main. Mais si l’on tient compte du travail non rémunéré, ce sont les travailleuses qui sont majoritaires sur cette planète.
C’est pour cela que le 1er Mai, la Journée du travail est avant tout la Journée des travailleuses ! C’est pour cela que, le 1er Mai, nous participerons aux manifestations qui auront lieu dans toute la Suisse. Nous nous munirons du drapeau et des badges de la Grève des femmes* et porterons le t-shirt de la Grève des femmes* ou tout autre vêtement violet. Le sentiment de cohésion nous donnera de la force pour les dernières semaines avant la grande Grève des femmes*, le 14 juin 2019.
P.S. Aux personnes autour de nous qui pensent que les revendications féministes ne les concernent pas vraiment, nous pouvons dire : nous sommes solidaires, pas parce que nous sympathisons un peu avec les revendications féministes, pas parce que nous avons de l’empathie pour nos mères, nos sœurs, nos filles. Mais d’abord, parce qu’il est juste de toujours s’engager pour les groupes discriminés et marginalisés. Et puis parce que les revendications féministes apporteront « plus pour vivre », pour tout le monde !